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Megworld

Je ne suis pas un serial killer, Dan Wells

Megworld

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Pocket - 14 juin 2012 - 312 pages - 6,70 euros

 

Résumé de l'éditeur :

 

John Wayne Cleaver est un jeune homme potentiellement dangereux. Très dangereux. Jugez-en plutôt : garçon renfermé, pour ne pas dire sociopathe, il vit au milieu des cadavres à la morgue locale, tenue par sa mère et sa tante, il a une certaine tendance à tuer les animaux et, depuis son plus jeune âge, il nourrit une véritable passion pour les tueurs en série. Ainsi, son destin semble tout tracé. Mais, conscient de son cas, John a décidé d’en parler à un psy et de respecter quelques règles très précises. Ne nourrir que des pensées positives. Ne pas s’approcher des animaux. Éviter les scènes de crime. Ce dernier commandement va néanmoins devenir très difficile à suivre lorsqu’on retrouve autour de chez lui plusieurs corps atrocement mutilés. Y aurait-il plus dangereux encore que John dans cette petite ville tranquille ? Aurait-il enfin trouvé un adversaire à sa taille ?

 

L'avis de Damien :

 

John Wayne Cleaver est sociopathe : entre autres, il est incollable sur les serial killers et en léger décalage avec le reste de la société. Il est suivi par un psychiatre, le docteur Neblin qui semble être le seul à comprendre ou au moins ne pas traiter John comme une bête de foire. Le hasard a voulu que son nom soit aussi celui d’un célèbre tueur en série. Bien sûr, il n’a pas d’ami hormis Max qu’il voit plus ou moins comme un échange de bons procédés : deux personnes seules sont bizarres, ensembles elles ne sont pas asociaux. Pour lui, c’est le signe qu’il deviendra lui-même tueur s’il ne fait pas d’effort. Il cherche pourtant à combler l’écart avec le reste de la société par un certain nombre de règles et ainsi emprisonner le monstre qui se cache en lui. Parmi elles, ne pas fixer trop longtemps quelqu’un du regard ou ne pas démembrer d’animaux. Pourtant, meurtres qui s’enchainent en ville réveillent ses instincts. Dans son esprit, il ne fait aucun doute qu’il est le seul à pouvoir arrêter le tueur...

 

J’ai bien aimé l’histoire en elle-même qui rappelle la série télévisée Dexter. Pourtant ici le héros n’est qu’un adolescent et ne tue pas encore (ce qu’il ne fera peut être jamais d’ailleurs, seule la suite nous le dira). Et c’est là que se situe l’intérêt du récit. Le fait qu’il soit sociopathe n’exclut pas les sentiments. Ainsi, on a l’impression de suivre un adolescent normal qui souhaite ne pas sortir du moule, même s’il semble condamner à vivre en société sans comprendre les codes qui accompagnent cette vie banale. Une grande partie du roman se situe dans cette recherche de normalité et forcément les réflexions d’un tel personnage tombent rapidement dans l’humour noir. Et dans ce cadre l’auteur ne cherche pas à analyser ou développer de manière rationnelle ou scientifique la « maladie » du jeune homme. On l’en remercie : ce serait inutile et ferait tâche dans un récit qui n’a pas la prétention d’expliquer cette différence mais seulement de divertir (même si on peut parfois voir des interrogations de l’auteur sur les rites sociaux…).

 

Lorsque John comprend que son désir le plus cher (qu’un serial killer s’invite dans sa petite bourgade, tout ce qu’il y a de plus classique…) se réalise, il a deux objectifs : trouver et suivre l’individu mais également l’empêcher de continuer à nuire. Et c’est là que se crée un paradoxe : alors qu’il fait tomber toutes les barrières qui l’empêchent de passer à l’acte et emprisonnent le monstre, il devient de plus en plus humain comme si côtoyer leur absence lui faisait comprendre le sens des relations entre humains normaux.

 

Ma seule véritable réserve serait l’intrusion du fantastique qui aurait pu être facilement évité sans que l’histoire ne perde de l’intérêt. Dans le même temps, ce n’est pas non plus un élément trop gênant et la majorité du récit reste ancrée dans la réalité ou au moins celle du personnage principal.

 

Ce livre qui n’est pas très épais se lit facilement. Le style est fluide et on suit sans problème le raisonnement et les pensées secrètes du personnage. Sans pour autant être un chef d’œuvre, le roman est agréable et permet de se détendre, notamment grâce aux petites pointes humoristiques d’un adolescent qui ne peut comprendre le monde qui l’entoure et par la même occasion le lecteur. Par ailleurs une suite est déjà sortie chez Sonatine, « Mr Monster » que je ne manquerais pas de lire.

 

7/10

 

L’extrait en plus :

"- Tu la connais ?

- Non mais quelqu’un qui se balade à pied dans ce quartier à 4 heures de l’après-midi n’a pas trente six options : la banque ou la poste semblent les destinations les plus plausibles.

Soudain je m’interrompis pour regarder Neblin. C’était la première fois que je théorisais sur les gens devant lui : mes règles ne m’avaient jamais autorisé à spéculer autant sur un inconnu choisi au hasard j’étais tenté de l’accuser de m’avoir piégé, mais il n’avait rien fait – à part me laisser parler. J’observait ses yeux, en quête d’un signe qui trahirait qu’il avait compris la signification de mon comportement. Il soutenait mon regard tout en réfléchissant. En analysant."


 

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